A LA RECHERCHE DE SENS
Plusieurs raisons peuvent conduire à prendre conscience du sens qu'à réellement notre vie, et se demander de quelle façon redonner du sens à sa vie.
La première qui vient à l'esprit est liée aux perturbations engendrées par la crise sanitaire apparue fin 2019. En quelques semaines, à une échelle mondiale, les pays du monde entier ont découvert qu'un virus très contagieux rendait les personnes malades avec des symptômes de grippe et pouvait conduire rapidement à la mort des plus faibles. A cet instant précis l'humanité prenait conscience de sa fragilité malgré son développement économique, technique et médical qui nous mettait à l'abrit de nombreux problèmes. Rapidement les mesures mises en place pour enrayer la propagation du virus ont eu pour impact la remise en cause des libertés individuelles et collectives, situation que le monde n'avait plus connue depuis la seconde guerre mondiale il y a plus de 80 ans. Alors chacun de nous a été frontalement percuté par l'idée que nos conditions de vie pouvaient être remises en question instantanément, nous avons tous ressenti les frémissements du monde, situation qui remet en cause le sens que l'on a donné à la vie, nos vies qui reposaient essentiellement sur une dimension matérielle allaient prendre un virage obligé en intégrant de nouvelles valeurs telles que la solidarité, l'acceptation, la résiliation, la vision de la réalité objective ( nous avions peut-être construit une fausse réalité dans laquelle nous avions oublié l'essentiel: le respect de notre terre). Pour la majorité d'entre nous, un des principaux buts de notre activité professionnelle est de gagner de l'argent, que ce soit pour des raisons alimentaires ou pour défendre et justifier un rang social, mais ce but perdait tout à coup son sens puisque les satisfactions matérielles que peut nous apporter l'argent peuvent être anéanties par un virus.
Cette approche ne concerne qu'une partie de l'humanité, la partie des plus privilégiés qui vivent dans les pays dis développés. Pour tous les humains qui n'ont pas accès au confort minimum pour vivre dignement ont été plongés dans une misère encore plus insupportable.
La seconde est liée aux impacts de nos modes de vie sur notre environnement, déforestation, rejets de gaz à effet de serre, industrialisation, extension de l’habitat individuel, imperméabilisation des sols, agriculture industrielle, … Malgré les alertes scientifiques lancées depuis plusieurs décennies sur les dégradations de nos environnements naturelles (pollutions eaux, air, sols ; changements climatique, disparition d’espèces animales terrestre et aquatiques ; catastrophes naturelles, …) le dernier rapport attendu est celui du GIEC sur les changements climatiques.
Malgré ces alertes nous ne modifions pas radicalement nos modes de vie, nous semblons attendre que l’orage passe en se cachant dans nos abris douillets.
Cette situation contribue à enlever beaucoup de sens à nos vies sachant que les scénarios envisagés pour les années à venir sont plutôt orientés vers les grandes catastrophes impliquant de grands conflits humains.
La troisième est liée à la numérisation du monde qui a progressé exponentiellement depuis les vingt dernières années, les hommes et les femmes ont dû s'adapter à l'insolence du numérique qui impose sa vitesse, ses bugs, son besoin d'occuper tout l'espace en nous rendant de plus en plus dépendant de lui, les objets connectés pourront certainement bientôt estimer, anticiper, choisir à notre place.
Dans ce monde numérique les plus adaptables d'entre nous occupent des postes clefs. Dans cette course au tout numérique il est difficile aux humains de trouver une place, de trouver un sens (direction ou sensation). S’il y a un lieu où le numérique a phagocyté tout l'espace c'est bien le monde du travail dans lequel la notion de temps a perdu tout son sens.
Retrouver du sens dans sa vie et dans son travail est tout à fait envisageable, doit-on pour cela éliminer les virus où les laisser se propager dans nos ordinateurs, nos systèmes de communications, dans le cloud, pas forcément.
Il est nécessaire de considérer le caractère impermanent de notre monde, rien n’existe pour perdurer, tout est en mouvement, en perpétuel changement, passe d’un état à un autre, nous devons saisir cette caractéristique et nous y confronté en permanence pour observer le monde tel qu’il est, alors il devient plus simple de retrouver du sens à nos actions, qu’elles soient professionnelles où autre, à ce sujet y a-t-il une frontière entre le monde du travail et le monde que l’on a construit derrière la porte que l’on referme en sortant de son lieu de travail ? à partir de l’instant ou nous souhaitons donner et trouver du sens à notre vie, ce sens est fondé sur les mêmes valeurs dans notre activité professionnelle et nos activités plus personnelles. Le sens que l’on donne à notre vie nous caractérise, traduit qui nous sommes, peut on être une personne différente au travail et en dehors du travail, je ne pense pas, c’est d’ailleurs un point très intéressant à considérer pour que chacun puisse évoluer au même rythme dans sa vie professionnelle et sa vie extraprofessionnelle.
Nous faisons partie de l’organisation sociale dans laquelle nous vivons, nous sommes tous responsable de ce qui est actuellement, à des degrés plus ou moins élevé mais responsable tout de même.
Redonner du sens à ces actions passe par la conquête de nos propres valeurs existentielles et des valeurs morales qui sont le ciment de nos sociétés et de nos entreprises.
Francis Bablon, juillet 2021